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Qui a fait fuité la conversation sur Whatsapp entre Witkoff- Dmitriev ?




Publié par Paul-Gabriel LANTZ le 27 Novembre 2025

Dans un entretien publié par le quotidien russe Kommersant le 26 novembre 2025, Youri Ouchakov, conseiller diplomatique de Vladimir Poutine a reconnu que sa conversation avec l’envoyé spécial américain Steve Witkoff s’était tenue via WhatsApp, une application interdite en Russie et accessible uniquement par VPN.

Cette précision éclaire le contexte technique dans lequel la fuite a eu lieu. Elle survient alors que Bloomberg, le 25 novembre, a rendu publics des enregistrements d’appels entre Witkoff, Ouchakov et Kirill Dmitriev, déclenchant une secousse diplomatique immédiate.



Une fuite très embarrassante pour la maison blanche

Palais du Kremlin - Creative commons Attribution
Palais du Kremlin - Creative commons Attribution
Selon Bloomberg, les enregistrements ont été transmis par une source anonyme et portent sur plusieurs échanges où Witkoff, chargé par la Maison-Blanche d’explorer une voie diplomatique, discute avec Ouchakov et Dmitriev d’un plan russo-américain en 28 points. La divulgation de ces conversations a embarrassé Washington, crispé Moscou et mis un terme de facto au processus officieux amorcé en octobre. 


Elle pose surtout une question centrale : qui avait intérêt à faire fuiter ces appels ? En tout cas, le missi dominici du Président américain en Russie est discrédité en raison de son absence de précaution en matière de sécurisation des communications et d’une troublante proximité avec le Kremlin. Deux pistes peuvent être explorées :

 

Piste 1 : Une fuite issue du système américain pour bloquer un plan jugé dangereux

La première hypothèse attribue l’origine de la fuite à des acteurs américains, potentiellement au sein de la communauté du renseignement ou du Conseil de sécurité nationale. Ce scénario repose sur plusieurs éléments :


Le plan évoqué dans les conversations était perçu comme trop favorable à Moscou,

Il risquait d’affaiblir la cohésion entre Washington et ses alliés européens,

Il contournait les circuits diplomatiques institutionnels, le Département d’État ayant été largement tenu à l’écart.


Dans cette logique, la fuite serait un acte de contre-poids institutionnel visant à rendre politiquement impossible la mise en œuvre d’une initiative jugée risquée. Révéler l’existence de ce canal parallèle revient à neutraliser un processus diplomatique non consensuel, sans pour autant contester directement l’autorité présidentielle.

 

Piste 2 : Une opération russe pour reprendre la main ou affaiblir Washington

La seconde hypothèse pointe une origine russe, par un service de renseignement russe ou un cercle proche du pouvoir. L’initiative Witkoff s’inscrivait dans un contexte où :


L’administration américaine était divisée,

Plusieurs figures républicaines freinaient la dynamique,

Kyiv rejetait la version russe du plan et proposait une contre-formulation plus exigeante,

Accepter un compromis révisé aurait été politiquement coûteux pour Moscou. Dans cette perspective, la fuite pourrait servir trois objectifs :


Faire tomber le processus diplomatique avant qu’il ne contraigne Moscou à accepter une version peu favorable ;

Créer un scandale international affaiblissant l’administration américaine, en exposant sa diplomatie parallèle ;

Encourager un retrait américain du dossier ukrainien, accentuant une tendance isolationniste favorable aux intérêts russes.

 

À ce stade, aucune information publique ne permet d’attribuer la fuite. Bloomberg confirme seulement avoir reçu les enregistrements d’une source anonyme. Mais un point est incontestable : la divulgation a révélé les coulisses de la diplomatie officieuse entre Washington et Moscou, jugée inopérante et politiquement toxique.


 



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